On se réveille, les portes s’ouvrent et nous voilà arrivé à Rio Gallegos. Après avoir cherché quelques informations sur les bus nous voici sur le chemin de la seule attraction touristique du coin, un lagon à 60 kilomètres de la ville et à 10 kilomètres de la frontière chilienne. Pour atteindre le « lagon azur », nous décidons de tenter notre chance au stop.

Je me permet d’interrompre mon récit un instant, pour vous expliquer les raisons de ce choix. Il y avait deux manières d’atteindre ce petit lac situé à l’intérieur du cratère d’un volcan. La première étant le tour organisé, qui était quand même à 600 pesos par personne, soit à peu près 33 francs suisses. La deuxième vous l’avez deviné, était l’auto stop. En dehors de l’aspect pécunier, le stop était sur la liste des choses à tester depuis bien longtemps. De plus, dans les jours précédents, de nombreuses personnes nous avaient confiées utiliser régulièrement ce moyen de déplacement.
Bref, vous voici en pleine connaissance des raisons qui nous ont poussées à ce choix.

Nous marchons quelques centaines de mètres, le temps de rejoindre la route qui va en direction du Chili. Kilian aperçoit un carton au bord de la route, pendant qu’il s’applique à y écrire notre destination, je m’essaye au stop. Une voiture s’arrête, armé de mon plus bel espagnol je lui demande s’il va dans notre direction malheureusement il n’allait que quelques kilomètres plus loin. Sous le stress je le remercie et me dit qu’on va trouver quelqu’un pouvant nous amener plus près de notre but.
Nous décidons de marcher le long de la route en nous retournant au passage de chaque voiture. Plus nous avançons, plus nous nous enfonçons dans la nature, des étendues jaunes, rien à l’horion puis soudain le vent, la pluie. Nous nous protégeons quelques instants grâce à un des autel de la Difunta Correa, peut être étais-ce une erreur…
Nous nous remettons en route, la pluie a cessé mais le vent est toujours aussi présent, le froid aussi dans ces contrées extrêmement australe. Le temps passe, les voitures aussi. Nous voici à 12 kilomètres de la ville, pas la moindre voiture ne s’est arrêtée, il est trop tard pour encore espérer atteindre le lagon.

Nous décidons de chercher un endroit pour poser notre tente, un endroit à l’abri du vent, dont la présence n’a pas cessé un instant. Quatre murs blancs encerclent une tour en métal et une maison. Nous observons quelques instants, tout laisse à penser que les lieux sont abandonnés. Kilian cherche l’endroit le plus adapté pour poser notre tente dans ce jardin et je m’en vais contrôler si la maison est belle est bien inhabitée.
L’état de délabrement de la bâtisse ne laisse que peu de doutes, cependant un détail m’intrigue. Une radio, posée sur une petite table en bois indique l’heure. Par acquis de conscience je tape à la porte. Un silence en guise de réponse je me décide à ouvrir la porte. Je tombe nez à nez avec un homme d’une cinquantaine d’années. La surprise passée et notre situation expliquée, il nous répond que nous pouvons sans autre camper dans le jardin. Et nous invite à boire le maté avec lui.

Un poste de télé, une radio et une cuisinière à gaz, voici les seules choses qui fonctionnent encore dans cette maison. Il nous apprend qu’il garde la tour métallique qui se trouve être un émetteur pour la radio régionale.
Au fil de la discussion, il nous en apprend un peu plus sur sa vie, ses enfants, mais surtout nous discutons de l’Argentine. Le pays d’abord mais l’état surtout, sa manière de s’occuper de ses citoyens. La santé, l’éducation, l’économie, tout y passe. Entre deux grimaces de Kilian essayant tant bien que mal de s’habituer au goût du maté, ils nous explique sa tristesse d’entendre son fils lui dire qu’il veut partir en Europe ou aux USA, car il n’y a pas d’avenir pour lui dans ce pays. « L’état ne s’occupe pas de nous » dit-il au détour de son récit.
Comment ne pas donner du crédit à son propos quand on voit qu’il n’a ni toilettes, ni eau courante à son poste de travail. La discussion se termine, il rentre chez lui et nous voici seuls.

Fatigué d’avoir lutté contre le vent pendant ces kilomètres, désespéré de notre malchance au stop mais heureux de cette rencontre inopinée, nous nous endormons avec le bruit du vent qui souffle encore.

Théo Rochat

Catégories : Voyage

2 commentaires

Roxane · 6 février 2018 à 23:03

Vous avez testé, et vous ne recommencerez sûrement plus!!! #lesjoiesdustop

Geraldine · 6 février 2018 à 05:53

C est dangereux le stop – parole de maman

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